13 décembre, ligne 9

De Mata GABIN (www.mata-gabin.com)

 

Une femme, dans une rame de la ligne 9, à Paris, 13 décembre 2001.

Elle raconte une agression, banale comme une gifle, mais personne ne bouge.

Trois comédiennes se partagent le texte;

Avec Lysiane Jean, Genevieve Robert et Martine Large,

56eme spectacle du TPC dans une mise en scène d'André Rambeau. .

Durée : 45 minutes

Quand la réalité dépasse la pièce ! Télécharger l'article du PROGRES !!!

Un article dans MULTIPRISE  de février 2009 et un autre  dans celui d'avril 2009

Le PROGRAMME  du spectacle 

Ø   Création au festival des Avenières le 25 avril 2008

Ø   Premier prix (POKER D AS) au festival FULL AUX AMATEURS de la salle des Rançy de Lyon 3, en juin 2008 !

Ø   Du 27 février au  9 mars 2009 espace Tonkin de Villeurbanne et salle des Rançy: 381 spectateurs fidèles ou nouveaux ont laissé de côté leur a priori. NOMBREUX ont désiré s'exprimer et rencontrer l'équipe après chaque représentation.

Sélection  au Festival Amateur du Théâtre de la Croix-Rousse, le 5 mai 2009 à 19h00.


Festival de Châtillon sur Chalaronne les 21 mai 2009 à 9h00 et 23 h av
ec Mata Gabin

Sélection au festival international de Théâtre de St Louis les 10 et 11 octobre 2009 ! 

 

À propos de « 13 décembre, ligne 9 »….

 Je ne suis pas un auteur. J’ai écrit.

Je ne suis pas un lance-flamme, je suis une femme.

C’est dit.

Lorsque, j’ai pris le métro ce matin-là.

Je n’imaginais rien.

Pourtant.

Et il y a eu quelque chose.

Aïe.

Ai reçu une gifle et j’ai laissé couler mes larmes et ma prose sur le clavier de ma douleur.

J’ai jeté mon texte comme un « aikou » Japonais.

Puis, j’en au fait une pièce de théâtre sans trop savoir pourquoi. Guérir sûrement.
Peut-être déjà j’écrivais pour la compagnie d’André ?

André.

Il a vu le spectacle à la Chapelle du Verbe Incarnée à Avignon.

Il a entendu les mots et m’a contacté pour les droits sur le texte.

J’ai dit oui.

Le temps est passé comme les voitures…

Des années de voitures.

 Et puis voilà qu’un jour, j’ai pris le train.

Et j’ai vu la mise en scène faite par André et le jeu de ses actrices. Mon « je » sur le plateau.

Et j’ai pleuré.

C’est peut-être normal.

Mais cela aurait pu ne pas arriver.

Parce que mon psy est fort.

Pourtant, ma joue s’est mouillée sans effort.

Lorsque, j’ai pris le train ce jour-là, pour venir voir le travail, j’ai remonté le temps, je me suis assise dans la salle, j’ai regardé, écouté et ressenti qu’ils avaient mangé la fleur, la force, l’amour.

Respirer. Danser. Célébrée.

Apprécié. Décortiqués peut-être, comme un homard un soir de fête, ils ont décortiqué les épines dans mes phrases, ils ont été en phase….

Mon ange s’est assis encore une fois sur mon épaule, me suis- je dit.

Voir sur scène « 13 décembre, ligne 9 » : « Il a respiré mon texte, il l’a malaxé dans le corps des actrices, elles ont ouvert leur cœur, et ont donné chaque mal, comme si c’étaient le leur ».

La mise en scène ? Toute limpide.

Les musiques choisies ? Avec soin.

J’ai voyagé dans mon propre parcours.

Je ne saurais dire, mon vocabulaire ne suffit plus.

Comment vous dire ?…

Je me suis sentie vivante.

Depuis cette escapade, je me suis mise à écrire pour lui, pour elles, pour eux un autre « aïkou ».

Et le temps s’allonge tout d’un coup. Alors.

Merci beaucoup un point, c’est tout. 

Mata Gabin

                       

Une lettre de Mata Gabin qui devait venir voir le spectacle le 8 mars à Lyon mais n'a pas pu

7 mars 2009,
16h30
Capte Town Afrique du Sud…
« En présence de l’auteur, c’était écrit sur les tracts» dit la jeune femme assise-là au premier rang…
« Oui, c’est vrai, où est-elle ? » répond sa voisine…
« En Afrique paraît-il » se hasarde un monsieur.
« Quelle contrée ? » demande une vieille dame.
« CapeTown, oui, je suis au bout du monde », je réponds.
« L’Afrique, oh, la terre-mère. Oh oh. Le continent aux mille frontières » dit la vieille dame.
« Oui, c’est ça, je suis en face du ciel, à l’extrême sud de mon continent natal… Je suis à Cape town ». Ville étrange, je vous en parlerai.

En présence de l’auteur.
L’auteur, c’est moi, mais, je ne suis pas là, et demandez à André, il vous dira à quel point je suis navrée.
L’auteur, un mot bien haut pour la petite femme comme je suis. 1m70 ce n’est pas grand chose face à la galaxie.
J’ai juste couché mon cœur sur le papier. Comme on vide un cendrier. Il a laissé des traces sanglantes sur moi, ce petit con, certes mais encore chaudes et vivantes. Et on en fait tous quelque chose maintenant. Nana na nerre. J’ai écrit pour réparer ma blessure, bien sûr, pour cautériser ma morsure.
Carrément.
Je tourne les pages du livre de ma vie. Et son souvenir sèche comme un fossile.
Je tourne la page.
Je tourne un film. Encore un. Merci mon Dieu, je travaille. Oui. Mais.
La terre tourne aussi et alors.
« Nous ici on tourne la tête et l’on ne te voit pas Mata».
Oh, Excusez-moi. Mais regarder bien, je suis là.
Le don d’ubiquité, s’il vous plait donnez-moi le don d’ubiquité…
Il fait 32 degrés et mon corps fond sous le soleil africain, pourtant mon âme se balade dans l’air frais de Lyon. Mes mots sont venus battrent à vos oreilles. Ma prose dans les bouches des trois comédiennes.
Vivent les artistes et ceux qui les aiment.
Allez. Alléluia.

Mesdames, Messieurs, et chers bambins s’il y en a, ne soyez pas fâchées. Je n’ai pas fait exprès.
Les aléas de mon calendrier vous ont apporté mon absence.
Le don d’ubiquité Seigneur, je te le demande à corps à cri, mais personne ne connaît la formule. Mince, j’en demande trop. Ah ok.
Mais nous sommes des travailleurs acharnés de la vie, et il nous faut continuer de chercher. On a bien marché sur la lune. Qui l’eu cru ?

À vous tous, là, assis en face d’André, vous qui écoutez, sachez que je vous remercie. L’intérêt que vous portez à la compagnie, l’intérêt que vous portez au théâtre, nous fait grandir, tous. Merci.
Oui, aujourd’hui, c’est La journée de la femme, La journée des femmes. Mais n’est-ce pas une journée d’êtres humains que nous sommes et que vous êtes. Faut-il attendre le 8 mars pour célébrer les femmes ? 364 jours à attendre le 8 mars, Waou, même Pénélope en aurait sa claque !!!
Ah ah ah, je me marre au bord de la côte déployée.
Qu’en pense la dame assise au premier rang ? Et celle qui sourit joliment, les mains croisées sur les genoux. La journée de la femme. Hi hi.
Je vous vois ? Non. Je vous devine.
Je vous entends, non. Mais j’imagine.

Là, où je suis en ce moment, il n’y a pas de métro, pas de RER, mais le peuple noir qui vit là, sort de l’apartheid, encore une agression, contre le monde. Leurs yeux pleurent encore, mais ils n’ont pas tous ma chance, notre chance de parler, de dire, de sortir notre peine, de l’écrire. Ils ont Mandela, 27 ans de prison. L’espoir fait plus que vivre, il est vivant.
Des humains qui méprisent d’autres humains.
Tu ne tueras point, tu ne voleras point le bien de ton voisin. Ma joie, c’était mon bien.
Oh mais, ce n’est pas possible ?
Moi, je veux de l’amour et vous aussi, j’en suis sûr.
N’est-ce pas Madame, oui vous, n’est-ce pas monsieur, oui vous aussi.
On veut tous de l’amour. Du partage avant de mourir. Si je regarde bien les choses, un jour, je vais mourir, n’est-ce pas, pourquoi ne pas aimer avant. Qui a chanté cela déjà. Aimons nous vivant ? Avant que la mort nous trouve du talent.

J’aurai répondu avec plaisir à toutes vos questions, sans tabous, sans retenue, sans mystère si ce n’est celui de la poésie.

Mais c’est à remettre à plus tard.
Pour l’instant je vous remercie, merci aussi à André et au Théâtre Parts-Coeur, à Geneviève, Lysiane, Martine, à Roland et à Thierry, l’Espace Tonkin qui vous accueille.

Soyez assuré que vraiment une partie de moi est avec vous.
Aujourd’hui, comme hier et sûrement dans un futur que je souhaite tout proche.
Bien A vous.
Mata Gabin

                    Photos de représentations (TPC et Emile Zeizig)

     

 

Création le 25

avril 2008